Cowcot Entreprises : Samsung se transforme pour accueillir son futur dirigeant

publié le 06 Juin 2015 à 10:30 par Nicolas BOUTET

Depuis plusieurs mois, la structure du chaebol Samsung évolue afin de préparer la passation de pouvoir entre l’actuel dirigeant, Lee Kun-hee, et son fils Lee Jae-yong. La dernière modification de la structure est la fusion entre Samsung C&T et Cheil Industries, l’une des principales holdings du groupe.



Qu’est-ce qu’un chaebol ?

Les chaebols sont de grands groupes coréens ayant des activités diversifiées, et généralement contrôlés par une famille. Samsung, le plus grand, est par exemple présent sur des secteurs aussi variés que l’électronique, l’automobile, l’électro-ménager, les assurances, la banque, le BTP, le transport maritime ou encore les cosmétiques. Les autres plus grands chaebols sont Hyundai, Hanwha, SK et LG.

Les chaebols sont constitués de nombreuses entreprises ayant des participations croisées, ce qui permet de créer un groupe cohérent sans pour autant avoir une structure hiérarchique avec une holding au sommet. Cela les démarque des conglomérats occidentaux, et leur permet d’être plus flexibles et de favoriser les synergies entre les différents composants du groupe.



Ces groupes coréens ont été les principaux artisans du développement du pays depuis les années 1980 : avec le soutien du gouvernement et leur structure particulière, généralement soutenue sans réserve par la famille fondatrice, ces entreprises occupent toujours une place dominante dans l’écosystème coréen. En 2011, le chiffre d’affaires cumulé des 10 plus gros chaebols représentait plus de 75% du PIB coréen.

Mais depuis plusieurs années, ces entreprises ont vu leur réputation se détériorer : d’une part à cause de scandales de corruption et de conflits d’intérêts, et d’autre part à cause du contrôle familial, qui n’a pas que du bon : la famille cherche avant tout à transmettre sa richesse à ses héritiers, et prend parfois des décisions qui ne vont pas dans l’intérêt du groupe

A qui appartient Samsung ?

Comme tout chaebol, la structure du groupe Samsung est très complexe, constituée de nombreuses entités avec des participations croisées, comme le montre le schéma suivant :



A ce schéma, il faudrait ajouter toutes les participations de la famille Lee dans chacune des entreprises pour déterminer précisément dans quelle proportion ils détiennent Samsung. Mais la famille Lee contrôle dans les faits l’ensemble du groupe, alors même qu’elle ne détient qu’une faible minorité des actions totales.

Les modifications de la structure du chaebol ont un objectif clair : permettre aux trois enfants de Lee Kun-hee d’hériter sans encombres du groupe, si possible en limitant les impôts de succession qui devront être versés au gouvernement coréen. Samsung verse donc aujourd’hui dans un penchant néfaste des entreprises familiales, qui tendent parfois à faire passer l’intérêt de la famille dirigeante avant celui de l’entreprise, de ses employés et actionnaires minoritaires.



De plus, le fils du dirigeant actuel, qui reprendra très prochainement le flambeau, ne fait pas l’unanimité : de nombreux observateurs doutent de ses capacités à diriger un groupe de près de 80 filiales, et de résister dans un contexte extrêmement difficile pour le géant Coréen dans ses cœurs de métier, et notamment sur le marché du Smartphone. Diplômé de Harvard et impliqué dans la gestion du groupe depuis de nombreuses années, il faut espérer que Lee « Jay » sera à la hauteur de la tâche qui l’attend.

Par Hector