Khadas Tone2 : le DAC parfaitement adapté aux bureaux !, page 3

Le son

Pour un bureau

Comme le constructeur prédispose lui-même ce Tone2 à un usage de bureau, nous l’avons donc associé à notre paire de Klipsch KD-400, épaulé par un câble RCA Audioquest Evergreen. On note une belle synergie entre ce DAC et ces enceintes qui ont l’air de parfaitement se comprendre. Le Tone2 semble être très à l’aise avec le traitement des fréquences graves en proposant un son à l’américaine : compressé et frontal, sans pour autant manquer de définition. Il se retrouve même être assez à l’opposé de notre iFi Uno que nous avions testé il y a peu. Ce dernier va beaucoup plus facilement jouer sur l’ouverture de la scène (avec quelques lacunes toutefois pour la remplir vraiment proprement) avec un rehaussement des voix et un bon travail porté sur les timbres. Pas choquant donc venant de chez iFi, généralement très doué sur ces plans.

Le Tone2 va en revanche proposer une scène sonore avec finalement plus de liant entre les différents musiciens, manquant assez de jouer sur la largeur de scène mais donne bizarrement une sensation de complétude beaucoup plus prononcée qu’avec le petit Uno qui peine parfois à bien remplir les espaces qu’il souhaite ouvrir. Ainsi, la proposition du Tone2 est peut-être moins aventureuse, mais plus maîtrisée à notre sens, là où le Uno joue au fou-fou mais n’a finalement pas toutes les cartes en main pour se défendre sur un terrain trop grand pour lui.

Ceci notamment grâce à un traitement plus prononcé des fréquences graves par le Tone2, qui parfois peinent à cohabiter avec la délivrance généreuse des KD-400 sur ce pan. Mais que faut-il, trop ou pas assez ? À haut volume, ce surplus proposé par l’un et l’autre arrive à trouver plus de place et les deux parviennent ensemble à coexister avec beaucoup moins d’encombre. À plutôt bas volume, on préférera peut-être le Uno couplé à la fonction Loudness des enceintes, alors que cette fonctionnalité ne semble pas du tout envisageable avec le Tone2.

Bref, pour résumer, on pourrait dire que le Tone2 trouve effectivement bien sa place sur un bureau, avec une écoute de proximité facilitée par un son frontal et bien coffré, doublée d’une sensation de plénitude, bien que la largeur de scène ne soit pas des plus ouvertes et plus flatteuses que l’on puisse trouver. Mais sa philosophie reste ici à notre sens très cohérente par rapport aux besoins qui doivent être couverts dans ce scénario.

DAC de salon ou pas ?

On se posait quand même la question de savoir si, même avec une ergonomie et des fonctionnalités clairement vouées à être utilisable à portée de main, notre petit Khadas Tone2 allait pouvoir se retrouver sans difficulté dans un salon, couplé à un ampli hifi et des enceintes qui vont bien, pour une écoute avec de la distance donc. Sur le papier, évidemment. On a donc voulu le comparer à notre DAC de salon de référence, le iFi Audio ZEN DAC Signature V2 et pour le plus de neutralité possible, chacun a été relier à notre Marantz PM6006 avec une paire de câbles RCA Audioquest Red River. Pour les enceintes, on est sur des Monitor Audio Silver 100.

Premier constat : la différence de puissance. Effectivement, le Signature V2 disposant d’un mode fixe, la différence d’amplification entre les deux appareils est conséquente. Il a donc fallu passer notre Signature V2 en mode variable et là, l’avantage sur la puissance disponible est pour le Tone2, qu’il a fallu mettre aux trois quarts de son volume max pour égaliser le Sig V2 qui lui était alors plein pot. On constate donc que si le iFi était utilisé sur un bureau, donc apriori en mode variable, il délivrerait moins de puissance que le Tone2.

À notre très grande surprise, nous nous attendions à des restitutions sonores vraiment différentes entre les deux appareils et finalement ce qui nous a interpelé, ce sont plutôt les points communs. Tous deux offrent la même coloration du son (s’il devait y en avoir une, le iFi étant connu tout de même pour sa capacité de transparence). Ainsi pour chacun d’entre eux, on a un traitement des basses fréquences très similaire et il en est de même sur la définition des graves.

Là où on retrouve des différences, c’est plutôt sur l’attaque des mediums, légèrement plus prononcée avec le Tone2 (et donc, à notre goût, en sa faveur). En revanche, on a plus de poésie dans les aigus avec le Signature V2 et ce dernier offre également des timbres plus doux et plus naturels, alors que le Tone2 va plus facilement rentrer dans une philosophie plus (trop ?) technique, allant parfois jusqu’à bien trop séparer les instruments entre eux, là où le Signature V2 offre de beaux liants entre les musiciens sans pour autant jamais tomber dans la mièvrerie.

Ce qu’il faut retenir de ce duel, c’est que le Tone2 est tout de même vendu une centaine d’euros moins cher que le Signature V2 et que l’expérience musicale est certes (et c’est rassurant que cela soit dans ce sens) légèrement en dessous du iFi, mais que le rapport performances/prix est en sa faveur, à condition toutefois que le Signature soit ‘’bridé’’ en mode variable pour que la comparaison soit pertinente.

En option : le module BT Magic

Revenons sur l’intrigant second port USB-C à la norme I2S intégré à l’arrière de du Tone2 (et du Tone2 Pro). Il permet notamment d’adjoindre au DAC soit une alimentation externe, soit un petit module supplémentaire et optionnel permettant d’ajouter une entrée Bluetooth à l’appareil. Nommé simplement BT Magic, il est à la norme 5.1 et intègre une puce Qualcomm QCC5125. Ce petit module prend en charge une bonne liste de codecs : SBC, AAC, aptX/aptX-LL/aptX-HD, LDAC, le tout dans une résolution de 96 kHz en 24 bits. On le trouvera à un prix grand public à un peu plus de 50€, ce qui semble correct vu son encombrement et vu qu’il est (évidemment) compatible avec le Tone2, ce qui permet pour ceux qui ont besoin du Bluetooth (par exemple quand on ramène son laptop pro à la maison pour le télétravail sans devoir débrancher/rebrancher moult appareils) tout en bénéficiant des circuits du Tone2.

Dans notre cas, on a repris nos Klipsch KD-400 qui intègrent déjà un récepteur Bluetooth pur voir si le petit BT Magic couplé au Tone2 avaient des arguments à faire valoir. Dans les grandes lignes, la réponse est oui. Avec notre combo Khadas face au récepteur intégré des Klipsch KD-400, on obtient un son plus ouvert avec une scène plus large et plus pleine, permettant une meilleure disposition des instruments et donc une image stéréo un peu plus conséquente. Cette ouverture apporte notamment plus de matière et de personnalité dans les timbres.

Autre bon point pour notre BT Magic : la dynamique. On note que le module des enceintes va compresser la largeur, mais aussi la hauteur de la scène et les fréquences graves se retrouvent comparativement en manque de place, donnant ainsi une restitution parfois brouillonne et une assise moins marquée. Et pourtant, nous disions plus haut qu’on trouvait déjà la scène assez étroite avec notre Tone2 face à d’autres DAC. Avec le BT Magic, on sent tout de suite une meilleure tenue de ces fréquences qui participent nettement à des guitares plus physiques par exemple.

En revanche, nous avons bizarrement trouvé les basses plus expansives (sans aller du tout dans l’abus et le surplus) avec le module Bluetooth des Klipsch, qui offrent plus de coffre et une diffusion plus importante. Ceci dit, ce comportement reste aussi bien raccord avec ce que nous disions précédemment, quand le Tone2 se voulait être un outil d’écoute de proximité plus qu’autre chose. Mais dans les faits, pour une écoute plus lointaine (le cas de figure que l’on peut justement mieux envisager avec du Bluetooth qui par ailleurs propose une transmission théorique jusqu’à 20m de distance), les basses ne seront donc pas le point fort de votre système son.