iFi Audio Uno : l’incontournable DAC petit budget ?, page 3

À l'écoute

Sortie casque

La sortie casque est le point fort de ce petit Uno. Tout simplement parce qu’il bénéficie de petites attentions en matière de fonctionnalités. On rappelle qu’on a un bouton EQ qui permet de naviguer entre quatre modes d’égalisation : normal, jeux, films et musique. Ensuite, pour les casques ou intras de faible puissance, il y a la fonctionnalité Power Match pour donner un petit coup de jus avec un gain de 6 dB. La sortie casque permet de piloter des appareils allant d’une impédance de 32 Ohms (211 mW) jusqu’à 300 Ohms (39 mW), ce qui devrait couvrir un large panel de casques, ceux dépassant les 300 Ohms sont relativement rares et couvrent des besoins (ou plutôt des envies) qui se matérialisent généralement par l’achat de matériel haut de gamme que ce petit Uno ne représente pas non plus.

On a testé cette sortie avec deux casques : un Monolith M1060 et un Audeze LCD-1, deux casques planaires qui s’opposent pas mal sur leurs signatures sonores. Le premier, fluide et plutôt porté sur les basses généreuses et profondes ; le second, plus franc et plus neutre. Comparé à l’une des références en termes de petit gabarit pour desktop, le Fiio E10K ou encore, chez iFi Audio, à un produit certes moins nomade par ses dimensions, le ZEN Air DAC. Alors que ce dernier étant surtout concentré sur les performances de sa sortie casque, avec un peu plus de faiblesse sur la partie RCA, on aurait presque envie de dire que bizarrement, le Uno fait presque l’inverse. Attention, il n’y a pas non plus de gap énorme entre les deux, cela reste assez subtile. Le Uno propose un son qui se veut très intelligible, doux, musical et précis, mais qui pourrait manquer d’un peu plus d’attaque dans les mediums et d’assise dans les extrêmes pour une largeur de scène améliorée. En revanche, il s’en sort globalement mieux face au Fiio qui reste relativement trop sur ses réserves, bien que légèrement plus homogène dans sa conduite.

Bref, un comportement qui reste globalement plus que satisfaisant au regard de son positonnement tarifaire avec, comme très souvent chez iFi Audio, un sens du détail qui ne tombe jamais dans une démonstration technique qui peut s’avérer fatigante, mais quelque chose de très accessible sans manquer de personnalité. On pourrait y trouver un petit creux au niveau de la largeur de scène, notamment avec des basses que certains pourraient qualifier de trop timides, n’en déplaise en tout cas à notre LCD-1 qui nous donne une neutralité assez exaltante, mais le Monolith n’y trouvera pas de quoi nourrir les superbes basses évasées dont il est naturellement capable.

En ce qui concerne les presets d’égalisation, le mode Musique se révèle être assez discret dans ses changements contrairement aux deux autres. Mais cela le rend tout aussi intéressant. Il s’agit véritablement d’un tout léger effet loudness qui vient tendrement recharger les basses et adoucir les timbres sans corrompre la dynamique générale. Intéressant donc, pour ce petit apport de nuances. Sur le preset gaming, l’effet est bien plus prononcé et ne manque pas d’intérêt. Il fait penser à un Scout Mode que l’on retrouve chez Creative, avec une belle mise en avant des bruits ambiants et une immersion bien prononcée, mais avec des basses trop larges et des mediums et aigus criards.

Mais on a noté un bruit grésillement tout le long et ce aussi bien sur notre Audeze que le Monolith. En revanche, aucun souci avec un casque gaming Epos H6Pro Closed… À La limite, le preset Movie est peut-être plus intéressant car plus subtile avec une ouverture sur les voix et les mediums qui se veulent plus audibles, mais froids et pincés. Bref, on ne retiendra pas ce produit pour ces petites fonctionnalités annexes, bien que le mode musique puisse être confortablement utilisé. Si vraiment vous comptiez sur un DAC musical capable de bonnes prestations en jeux, dirigez-vous vers un Schiit Fulla-E (comme nous) ou si vous cherchez un DAC bon en jeux et capable en musique : regardez le catalogue de chez Creative.

Sortie RCA

D’abord, petit point sur l’utilisation de la sortie RCA. Premièrement, il faut savoir qu’elle est en mode variable et qu’aucun mode fixe n’est possible. Ainsi, le volume est contrôlable par le potentiomètre en façade. Deuxièmement, elle ne se coupe pas lorsqu’un casque est branché en façade, il faut le savoir. Certains DAC coupent la sortie RCA lorsqu’un casque est branché, pour des raisons pratiques qui semblent évidentes, mais ce n’est pas le cas ici. Enfin, il faut savoir que les différents modes d’égalisation accessibles via le bouton EQ en façade n’affectent pas cette sortie RCA.

Bref, aucune fonctionnalité présente dans ce petit Uno ne peut être utilisée en RCA. Donc pour la restitution sonore, on ne compte que sur le décodage pur et dur de la petite puce ESS Sabre ES9219 et les autres éléments extérieurs (choix du câble RCA, enceintes, amplificateur, etc.). Avec un rapport signal bruit donné à -119 dB, le Uno se montre parfaitement capable de piloter une installation hi-fi milieu de gamme même exigeante, en proposant une restitution bien meilleure que ce que l’on se doit d’attendre d’un appareil à ce prix. Nous l’avons comparé au ZEN Air DAC dont la fiche technique et le prix se rejoignent par trop mal et pour le fun, on s’est amusé à le comparer à notre ZEN DAC Signature V2, tous trois couplés à une paire de câble RCA identique : des Audioquest Red River, pour ne pas en défavoriser un plus que l’autre. Pour le reste, on a un Marantz PM6006 couplé à un câble d’alimentation NRG-Y3 et des enceintes Audio Monitor Silver 100 couplées à des câbles Type-5 avec des jumpers Futureshop.

Pour atteindre un niveau de puissance égale au Signature V2, il a fallu mettre le potentiomètre du Uno à fond. Par contre, le Uno arrive à dépasser le ZEN Air DAC sans problème de saturation et de distorsion. En ce qui concerne les résultats, le Uno est certes nettement en dessous de son grand frère, mais la différence de performance n’égale pas la différence de prix. Et pourtant, le ZEN DAC Sig. V2 était déjà une référence à sa sortie et l’est toujours encore. Le Uno n'a pas la même précision dans la définition des fréquences basses, propose des timbres moins vivants (mais ils le sont quand même !) et une attaque sur les mediums plus sage, certes. Pour autant, on reconnait sans peine la signature sonore de iFi Audio derrière ce petit appareil qui va délivrer une musicalité vraiment fluide et coulante, chantante et dansante quand il le faut. Pas des plus caractérielles, mais avec une très bonne homogénéité. Et puis, on compare un produit à 79€ à un autre qui en vaut 299.

Face au ZEN Air DAC, le point est à notre sens pour le Uno, qui offre légèrement plus de puissance et une expérience sonore peut-être moins analytique, mais légèrement plus joviale et joueuse et c’est probablement ce que rechercheront les personnes qui se dirigeraient vers un budget ressemblant à celui du Uno.